Par Michel Rossignol
Pendant plus d’un siècle, les petites épiceries du coin ont joué un rôle important dans la vie des résidents de la Basse-Ville. Même si le Marché By offre toute une gamme de produits alimentaires, les petites épiceries du coin se sont multipliées dès le début des années 1900 ici et là à travers la Basse-Ville.
Par exemple, si on consulte les bottins téléphoniques de 1910 à 1923, on note que la rue Cumberland avait une épicerie à presque tous les coins de rues entre Boteler et Clarence. En 1923, il y avait déjà une épicerie au 207 de la rue Guigues et un siècle plus tard, il y en a encore une à cette adresse (l’épicerie KAZ). La rue King Edward avait presque le même nombre d’épiceries en plus du boucher Joseph Gravelle au coin de St-André, Malgré les nombreuses épiceries sur Cumberland et King Edward, il y en avait une autre au 309 de la rue Guigues, au coin de la rue Rose.
Entre 1900 et 1950, plusieurs familles avaient seulement de petites glacières pour garder les aliments frais et elles comptaient beaucoup sur les épiceries du coin mieux équipées en ce qui concerne la réfrigération. Les épiceries étaient aussi très utiles si on avait oublié d’acheter un aliment au Marché By, mais c’est peut-être les beaux soirs d’été que les gens étaient très heureux d’avoir une épicerie juste au coin de la rue car on pouvait y acheter un délicieux cornet avec une boule ou un Mello Roll de crème glacée.

Les années entre 1945 et 1975 sont probablement celles où les épiceries ont connu le plus de succès. Les jeunes de la génération des Baby Boomers allaient alors à Bréboeuf, Routhier, York et les autres écoles de la Basse-Ville. À la fin de la journée scolaire, au retour à la maison, les écolières et écoliers entraient dans les épiceries pour y acheter des friandises, au grand désespoir des mamans qui préparaient le repas du soir. Pour attirer les Baby Boomers, les épiceries vendaient non seulement des aliments, mais aussi une grande variété de produits de loisirs comme des jeux.
Comme le note le livre Ste-Anne d’Ottawa. Une belle aventure humaine (2013). les épiceries dans la Basse-Ville à l’est de King Edward, comme celle de Monsieur Beauchamp sur St-André, ont aussi joué un rôle important dans la vie des résidents du quartier. Il y avaient des petites épiceries surtout sur les rues Clarence, Nelson et St-Patrick. Cependant, dans les années 1960 et 1970. on a fermé et démoli plusieurs épiceries dans le cadre du projet de rénovation urbaine de la Basse-Ville Est. Ailleurs dans la Basse-Ville. après 1970, de plus en plus de propriétaires d’épiceries ont décidé de fermer leurs commerces face à la concurrence des supermarchés et la flambée des coûts. Aujourd’hui, il y a beaucoup moins de petites épiceries dans la Basse-Ville que dans le passé, mais celles qui sont encore là continuent à nous rendre service et à contribuer à notre sécurité alimentaire. Bonne épicerie.
