Par Étienne Camirand
Si flâner au « Carré Cathcart » (Parc Bingham) en dégustant un « Mello-Roll » a déjà fait partie de vos passe-temps, c’est que vous avez peut-être côtoyé les Patry de la Basse-Ville dans les années cinquante. Cette famille de sept enfants – quatre filles et trois garçons – résidait, jusqu’en 1956, au 186 Bolton. Monsieur Louis V. Patry était d’ailleurs un de ceux-là. Nous l’avons rencontré récemment afin de partager l’histoire de sa famille et celle du quartier.

de g. à d. à l’avant: Roger, Louis, Louis-Maurice, Liliane, Gilles.
Le grand-père, Edgar Patry, dont ses trois soeurs prirent le chemin des vocations comme c’était souvent le cas à l’époque, était originaire de Montréal et avait plutôt bien réussi dans le domaine des affaires sur la rue Sparks. Il travaillait dans le domaine de la fourrure pour R. J. Devlin Co., un magasin bien connu à l’époque. En 1903, il avait épousé Laure Elzire Houde et ils eurent dix enfants. La famille avait, par ailleurs, pignon sur rue dans la Côte-de-Sable, quartier chic de la capitale prouvant ainsi leur réussite. Avant de déménager dans la Côte-de-Sable, la famille avait également résidé au 226 rue St-Patrick (un ancien hôtel).

Le père, Louis-Maurice Patry le bonheur de ceux qui avaient la chance de l’écouter et de le lire dans Le Droit.
La Basse-Ville de l’époque connaissait déjà une diversité ethnique intéressante. Les communautés polonaise et grecque étaient notamment bien représentées. Fait à noter, tous ces groupes maîtrisaient le français et la cohabitation avec la communauté francophone était plutôt harmonieuse. Il n’était pas rare de voir les enfants de multiples origines jouer ensemble dans les aires publiques et le faire en français. Un adulte de l’époque aurait d’ailleurs croisé plusieurs petits cowboys dans les parcs car c’était un jeu prisé par plusieurs. La famille Patry n’y faisait pas exception. Les enfants adoraient aller se baigner l’été au «Flat rock» dans New Edinburgh en traversant à pieds l’ancien pont de la voie ferrée. Il fallait toutefois être vigilant car il arrivait parfois qu’un train soit rencontré lors de la traversée faisant ainsi monter l’adrénaline des petits aventureux!

La famille Patry se rappelle aussi les fêtes et les rassemblements qui rythmaient la vie de quartier. A ce titre, notons par exemple le défilé de la Fête Dieu ou encore celui de la St-Jean-Baptiste. Il y avait aussi quelques industries notoires comme la Florence Paper et Gamble-Robinson. Les petits commerces familiaux étaient bien ancrés dans la communauté et servaient la population de manière répandu durant son enfance.
En 1956, la famille prend le chemin d’Eastview (aujourd’hui Vanier) pour y habiter une demeure aux dimensions plus adaptées à leurs besoins. Avant cela, les enfants Patry ont fréquenté les maisons d’enseignement du quartier comme la désormais célèbre école Guigues ou encore la prestigieuse Académie De La Salle dans le cas de Roger Patry.

Aujourd’hui, Louis Patry réside à Orléans et s’implique depuis plusieurs années dans la communauté ayant à coeur la préservation du patrimoine historique de la ville. À ce titre, son travail acharné a notamment permis d’éviter la démolition de deux maisons patrimoniales sur la rue Sussex dans la foulée des importants travaux ayant lieu sur cette artère.
Il est aussi vice-président et co-fondateur de la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans – SFOPHO. Les activités de l’organisme contribuent à mettre en valeur l’histoire locale et à préserver le patrimoine. La SFOPHO a d’ailleurs fait installer près d’une trentaine de plaques historiques bilingues en 2014 le long du boulevard St-Joseph à Orléans en collaboration avec zone d’amélioration commerciale du coeur d’Orléans. Ces plaques avaient pour but de souligner la présence francophone dans la région ottavienne en marge des célébrations entourant le 400e anniversaire du passage de Champlain. De plus, Louis fait valoir l’histoire et le patrimoine d’Orléans en publiant des chroniques bilingues dans les journaux locaux et en faisant connaître la décision de la Commission de toponymie de l’Ontario qu’Orléans s’écrit avec un accent aigu en anglais et en français. Il recommande aussi que des rues, parcs et installations soient nommés en l’honneur de pionniers d’Orléans. Finalement, Monsieur Patry s’est vu décerner le prix Bâtisseur de la Ville le 24 juin 2015 par le maire Jim Watson.
Coordonné par Marc Aubin Merci spécial à la famille Patry
