2016 7-1 Feb Heritage

La famille Patry et la Basse-Ville

Par Étienne Camirand

Si flâner au « Carré Cathcart » (Parc Bingham) en dégustant un « Mello-Roll » a déjà fait partie de vos passe-temps, c’est que vous avez peut-être côtoyé les Patry de la Basse-Ville dans les années cinquante. Cette famille de sept enfants – quatre filles et trois gar­çons – résidait, jusqu’en 1956, au 186 Bolton. Monsieur Louis V. Patry était d’ailleurs un de ceux-là. Nous l’avons rencontré récem­ment afin de partager l’histoire de sa famille et celle du quartier.

De gauche à droite. à l’arrière: Huguette, Hermance, Diane, Thérèse;
de g. à d. à l’avant: Roger, Louis, Louis-Maurice, Liliane, Gilles.

Le grand-père, Edgar Patry, dont ses trois soeurs prirent le chemin des vocations comme c’était sou­vent le cas à l’époque, était origi­naire de Montréal et avait plutôt bien réussi dans le domaine des affaires sur la rue Sparks. Il travail­lait dans le domaine de la fourrure pour R. J. Devlin Co., un magasin bien connu à l’époque. En 1903, il avait épousé Laure Elzire Houde et ils eurent dix enfants. La famille avait, par ailleurs, pignon sur rue dans la Côte-de-Sable, quartier chic de la capitale prouvant ainsi leur réussite. Avant de déménager dans la Côte-de-Sable, la famille avait également résidé au 226 rue St-Patrick (un ancien hôtel).

Diane (Cole) et Louis Patry, 2015

Le père, Louis-Maurice Patry le bonheur de ceux qui avaient la chance de l’écouter et de le lire dans Le Droit.

La Basse-Ville de l’époque con­naissait déjà une diversité eth­nique intéressante. Les commu­nautés polonaise et grecque étaient notamment bien représentées. Fait à noter, tous ces groupes maîtri­saient le français et la cohabitation avec la communauté francophone était plutôt harmonieuse. Il n’était pas rare de voir les enfants de multiples origines jouer ensemble dans les aires publiques et le faire en français. Un adulte de l’époque aurait d’ailleurs croisé plusieurs petits cowboys dans les parcs car c’était un jeu prisé par plusieurs. La famille Patry n’y faisait pas ex­ception. Les en­fants adoraient aller se baigner l’été au «Flat rock» dans New Edinburgh en tra­versant à pieds l’ancien pont de la voie ferrée. Il fallait toutefois être vigilant car il arrivait parfois qu’un train soit rencontré lors de la traversée fai­sant ainsi monter l’adrénaline des petits aventureux!

Famille Patry sur le balcon, 226 rue St-Patrick, ca 1939

La famille Patry se rappelle aussi les fêtes et les ras­semblements qui rythmaient la vie de quartier. A ce titre, notons par exemple le défilé de la Fête Dieu ou encore celui de la St-Jean-Baptiste. Il y avait aussi quelques industries notoires comme la Florence Paper et Gamble-Robinson. Les petits commerces familiaux étaient bien ancrés dans la communauté et ser­vaient la population de manière ré­pandu durant son enfance.

En 1956, la famille prend le che­min d’Eastview (aujourd’hui Vani­er) pour y habiter une demeure aux dimensions plus adaptées à leurs besoins. Avant cela, les en­fants Patry ont fréquenté les mai­sons d’enseignement du quartier comme la désormais célèbre école Guigues ou encore la prestigieuse Académie De La Salle dans le cas de Roger Patry.

Diane (Cole) et Louis Patry, 2015

Aujourd’hui, Louis Patry réside à Orléans et s’implique depuis plusieurs années dans la commu­nauté ayant à coeur la préserva­tion du patrimoine historique de la ville. À ce titre, son travail acha­rné a notamment permis d’éviter la démolition de deux maisons patrimonia­les sur la rue Sussex dans la foulée des importants travaux ayant lieu sur cette artère.

Il est aussi vice-président et co-fon­dateur de la Société franco-ontarienne du patrimoine et de l’histoire d’Orléans – SFOPHO. Les activi­tés de l’organisme contribuent à mettre en valeur l’histoire locale et à préserver le patrimoine. La SFOPHO a d’ailleurs fait installer près d’une trentaine de plaques historiques bilingues en 2014 le long du boulevard St-Joseph à Orléans en collaboration avec zone d’amélioration commerciale du coeur d’Orléans. Ces plaques avaient pour but de souligner la présence francophone dans la région ottavienne en marge des célébrations entourant le 400e anniversaire du passage de Champlain. De plus, Louis fait valoir l’histoire et le patri­moine d’Orléans en publiant des chroniques bilingues dans les journaux locaux et en faisant con­naître la décision de la Commis­sion de toponymie de l’Ontario qu’Orléans s’écrit avec un accent aigu en anglais et en français. Il recommande aussi que des rues, parcs et installations soient nom­més en l’honneur de pionniers d’Orléans. Finalement, Monsieur Patry s’est vu décerner le prix Bâ­tisseur de la Ville le 24 juin 2015 par le maire Jim Watson.

Coordonné par Marc Aubin Merci spécial à la famille Patry